16 décembre 2006

Le vin du solitaire


Le regard singulier d'une femme galante
Qui se glisse vers nous comme le rayon blanc
Que la lune onduleuse envoie au lac tremblant,
Quand elle y veut baigner sa beauté nonchalante ;

Le dernier sac d'écus dans les doigts d'un joueur ;
Un baiser libertin de la maigre Adeline ;
Les sons d'une musique énervante et câline,
Semblable au cri lointain de l'humaine douleur,

Tout cela ne vaut pas, ô bouteille profonde,
Les baumes pénétrants que ta panse féconde
Garde au coeur altéré du poète pieux ;

Tu lui verses l'espoir, la jeunesse et la vie,
- Et l'orgueil, ce trésor de toute gueuserie,
Qui nous rend triomphants et semblables aux Dieux !

Charles BAUDELAIRE (1821-1867) (Recueil : Les fleurs du mal)

03 décembre 2006

Je te vends ma vache


Je te vends ma vache
Bonne à beurre
Bonne à lait
Bonne à veau
Bonne à tout ce que tu voudras
Un plat de morue
Marché conclu
Ma vache est vendue.

Anonyme (?-?) (Recueil : Comptines)